Les
facultés sensorielles du chat ne peuvent que fasciner l'homme. Sa capacité à
exploiter les odeurs, ses goûts alimentaires, la perception très développée de
son système auditif, tant au
niveau de l'ouïe que de son extraordinaire
sens de l'équilibre, sans oublier les possibilités spécifiques de sa vision et
sa sensibilité tactile, en font un animal remarquablement informé sur son
environnement - ses congénères, ses ennemis et ses... victimes. D'où
l'efficacité de son comportement de prédateur !
Une meilleure connaissance
de ces aptitudes permettra aussi à son maître d'enrichir ses relations avec ce
compagnon si parfaitement adapté à la vie sauvage et pourtant capable de mener
près de lui une vie domestiquée.
Appréhender la richesse des sens, bien supérieurs à ceux de l'homme, dont
dispose le chat, implique de détailler les éléments anatomiques et les processus
physiologiques qui en sont mécaniquement à l'origine. C'est aussi l'occasion de
reconsidérer les fonctions assurées par ces organes particulièrement affinés, et
de se faire une idée plus précise des multiples stimulations qui les mettent en
jeu, le plus souvent à notre insu.
LODORAT
L'odeur
a une importance considérable pour la plupart des animaux et notamment pour des
prédateurs comme les félins; elle aide à identifier les proies ou les ennemis,
permet d'apprécier l'appétence des aliments, l'état émotionnel et sexuel des
congénères, etc. La plupart des messages sociaux reposent sur des odeurs : le
chaton retrouve la mamelle grâce à son odeur; l'adulte repère la femelle en
chaleur grâce aux signaux olfactifs; il inspecte chaque objet nouveau en le
reniflant attentivement avant de s'y frotter lui-même pour déposer sa propre
odeur...
Sur le plan anatomique et physiologique, l'odorat
repose sur la perception sensorielle de particules odorifères volatiles, par une
muqueuse richement innervée : la muqueuse olfactive dite aussi pituitair. Les
cellules qui la constituent sont très nombreuses : environ 200 millions (l'homme
n'en possède que 5 millions).
LE GOÛT
La gustation est elle aussi importante chez le chat, car
elle conditionne son comportement alimentaire. En effet, si un animal atteint de
pharyngite infectieuse perd l'appétit, c'est non seulement à cause de son état
général, mais aussi, et surtout, à cause de la perte de ses facultés gustatives
et olfactives. Le goût est perçu par des formations spéciales situées sur la
langue : les papilles (fongiformes en avant
et sur les
côtés,
circum-vallées en arrière). Ces papilles sont innervées par des rameaux du nerf
glosso-pharyngien qui transmet les informations gustatives au
cerveau.
Il faut noter que le chat possède un troisième organe
thermosensible, l'organe de Jakobson, ou organe voméronasal, petit cul-de-sac
situé à l’arrière du palais et tapissé de cellules sensorielles. Il serait
sollicité de façon active par pression de la langue lorsque l'animal détecte
certaines odeurs, notamment les phéromones sexuelles produites par la femelle en
chaleur.
LA VUE
Aveugle à la naissance, c'est à 10-12 jours
que le chaton ouvre les paupières et adapte la forme de sa pupille aux
variations d'intensité lumineuse. Mais ce n'est que vers l'âge de 4 mois que la
couleur de ses yeux sera complètement fixée.
Les
yeux du chat sont positionnés dans un plan relativement frontal et antérieur, ce
qui lui confère, par superposition des champs visuels de chaque oeil, une bonne
vision stéréoscopique (bonne appréciation de reliefs). Son champ visuel total
est légèrement supérieur au nôtre (environ 180° contre 160° chez l'homme).
Si
l'ensemble de l'organisation du globe oculaire n'est pas spécifique au chat, en
revanche, la forme de la pupille et la zone rétienne le
sont.
La
forme de la pupille est due à la contraction (myosis) ou à la dilatation
(mydriase) de l'iris, dont les très petits muscles, circulaires ou rayonnés,
s'adaptent à l'intensité lumineuse par un mécanisme réflexe. Dans la pénombre,
les muscles rayonnés se contractent, dilatant considérablement la pupille et
réduisant l'iris à un fin liseré coloré. Dans la lumière vive, ce sont les
muscles circulaires qui se contractent, réduisant la pupille à une très fine
fente verticale et déployant l'iris qui révèle alors toute sa richesse colorée.
Ce mécanisme permet au chat non seulement de ne jamais être ébloui, mais aussi,
et surtout, de profiter de la plus faible perception lumineuse dans la pénombre
pour voir son environnement. Cette perception très fine est accentuée par une
rétine riche en cellules en bâtonnets et tapissée d'une zone particulière qui
réfléchit la lumière.
Le
chat possédant beaucoup plus de cellules en bâtonnets - responsables de la
vision crépusculaire en noir et blanc - que de cellules en cônes - responsables
de la perception des couleurs -, on a longtemps dit que le chat ne voyait pas
les couleurs. En fait, s'il les distingue moins bien que l'homme, il est très
exagéré de prétendre qu'il ne voit qu'en noir et blanc. En tout état de cause,
une vision performante dans la pénombre est beaucoup plus importante pour un
chasseur du crépuscule qu'une imparfaite perception des
couleurs.
La
rétine du chat a en outre la particularité d'être tapissée, en arrière des
cellules sensorielles, d'une couche pigmentaire qui réfléchit la lumière; ainsi
s'explique que les yeux du chat brillent la nuit et qu'il y voit si bien : un
même rayon lumineux passe donc deux fois sur les cellules sensorielles. Le globe
oculaire est protégé par des paupières dont la supérieure et l'inférieure
donnent à l’œil sa forme en amande.
Il existe aussi une troisième paupière (membrane nyctitante),
qui apparaît plus ou moins à l'angle interne de l’œil. Ce dernier ainsi que les
paupières sont humidifiés en permanence par les larmes, produites par une glande
lacrymale située sur le bord dorso-latéral de l'orbite et évacuées vers les
cavités nasales par des conduits lacrymaux dont l'origine se trouve à l'angle
interne de l’œil. L'obstruction de ces conduits (fréquente chez les Persans)
provoque un écoulement qui décolore progressivement le pelage sous
l’œil.
LE
TOUCHER
Les sensations tactiles du chat proviennent en
premier lieu des pattes et de la face. En effet, les coussinets, les lèvres et
le menton sont truffés de terminaisons nerveuses sensorielles. Les vibrisses (ou
moustaches) sont elles-mêmes de véritables antennes reliées à des cellules
nerveuses. Il s'agit en fait de poils renforcés, disposés en quatre rangées sur
la lèvre supérieure ou dispersés sur le menton, les joues ou le front, au-dessus
des yeux. Chacune de ces moustaches fait office de mini-canne blanche pour
non-voyant. Bien qu'insensibles, il convient de ne pas les abîmer, notamment
lors du toilettage des races à poil long. Si, par mégarde, elles étaient
coupées, le chat risquerait d'être désorienté quelque temps jusqu'à la repousse.
Cette perception tactile est indispensable à une vie normale, elle renseigne
l'animal sur la position dans l'espace de ses extrémités (indispensable à la
coordination motrice), sur la présence d'éventuels obstacles dans la nuit noire
sur l'efficacité de la prise et les mouvements en gueule de ses proies, etc.
L 'OUIE
L'oreille au sens large assure à la fois
la perception des sons et l'équilibration, deux sens très développés chez le
chat. L'ouïe repose sur trois structures anatomiques successives contenues dans
l'oreille. Le pavillon, tout d'abord, capte et oriente les sons vers le tympan,
qui transforme ces ondes en vibrations mécaniques à
leur tour transmises à l'oreille interne par la chaîne des osselets appartenant
à l’os temporal. La pression exercée par le dernier des osselets (l'étrier) sur
la membrane séparant l'oreille moyenne de l'oreille interne provoque des
mouvements de fluides dans l'oreille interne; les cellules sensorielles,
stimulées par ces mouvements, émettent des impulsions électriques transmises au
cerveau par le nerf auditif.
Grâce, entre autres, à la taille et à la
mobilité du pavillon de l'oreille et aussi au volume de la bulle tympanique de
l'oreille moyenne, le chat perçoit mieux les sons, et particulièrement les
ultrasons, que l'homme (le seuil supérieur de perception est de 20 000 Hz chez
l'homme, et de 30 000 Hz chez le chat).
Il est à noter que le conduit auditif
externe forme un coude dont seul la partie verticale est facilement accessible
lors d'un nettoyage manuel. Le tympan se trouve ainsi protégé au fond du tronçon
horizontal mais soumis à une éventuelle accumulation de
cérumen.

L
'ÉQUILIBRE
L'équilibre est assuré par le cerveau à
partir des informations provenant d'une structure profonde de l'oreille : le
vestibule et ses canaux semi-circulaires. Enfouis dans l'os
temporal, ces trois canaux sont orientés dans les trois directions de l'espace.
Les mouvements de fluides et de petites concrétions sur les cellules
sensorielles qui tapissent cette organisation renseignent à tout instant le
cerveau sur la position de la tête dans l'espace. Ainsi informé, le cerveau peut
ajuster les mouvements afin d'assurer le maintien de l'équilibre. Un bon exemple
de son efficacité chez le chat est la faculté qu'a celui-ci de retomber sur ses
pattes. La
perception. très rapide de sa position
(sur le dos), grâce aux informations transmises par l'oreille interne au
cerveau, lui permet de corriger la situation en un temps record en
repositionnant tout d'abord la tête puis le reste du
corps.
Trouble de l'équilibre ou défaut
d'apprentissage du risque dans le plus jeune âge, il arrive cependant qu'un chat
fasse une mauvaise chute. Mieux vaut donc éviter les situations dangereuses :
fenêtres étroites, gouttières instables,... surtout en
ville.
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