Chez
le chat on distingue trois groupes sanguins différents : le groupe A (le
plus fréquent), le groupe B, le groupe AB (très rare).
Des
études portant sur environ 1000 chats aux Etats-Unis ont été réalisées par
le Dr Giger de l’Université de Pennsylvanie et ont permis d’établir la
fréquence des différents groupes.
GROUPES SANGUINS DU CHAT
Fréquence approximative des groupes sanguins A et B du chat aux
Etats-Unis.
(Echantillon de plus de 10 000 chats)
RACES
|
GROUPE A
|
GROUPE B
|
Chats croisés à poils
courts :
Nord-Est/centre des
Etats-Unis
Sud est des Etats-Unis
Ouest des Etats Unis
Siamois, Burmese,
Tonkinos, Bleu Russe
Maine Coon, Norvégiens,
Persan Colourpoint
Abyssin, Sacré de
Birmanie, Persan, Somali
Sphynx, Scottish Fold
Exotic et British
Shorthair,
Rex Cornish et Rex Devon |
99 %
98 %
95 %
100 %
93-98 %
80-89 %
60-79 % |
1 %
2 %
5 %
0 %
2-7 %
11-20 %
21-40 % |
HÉRITANCE DES
DIFFÉRENTS GROUPES
Les
groupes A et B sont des allèles au même locus.
Le
groupe A est dominant sur le groupe B. C’est à dire que les chats du
groupe B sont homozygotes sur l’allèle B (BB) alors que le chat du groupe
A est homozygote (AA) ou hétérozygote (AB) pour l’allèle A.
Tout
croisement avec un des parents homozygote A donne toujours des chatons du
groupe A alors que le croisement entre 2 parents hétérozygotes de groupe A
va produire des chatons de groupe A et des chatons du groupe B.
On n’explique pas encore comment le troisième groupe
sanguin, le type AB (qui est très rare) peut exister
RÉACTIONS D' INCOMPATIBILITÉ ENTRE LES DIFFÉRENTS GROUPES SANGUINS
Les
différents groupes sanguins sont déterminés par la présence de marqueurs
sur la membrane des globules rouges du chat. En plus de ces marqueurs, on
trouve dans le sang des chats des anticorps dirigés contre les marqueurs
des autres groupes sanguins.
Ainsi les chats de groupe A fabriquent des anticorps anti-groupe B et les
chats de groupe B des anticorps anti-groupe A
Ces
anticorps sont à l’origine des réactions d’incompatibilité de l’on observe
lors de transfusion sanguine quand on ne respecte pas les groupes
sanguins, mais aussi de réactions chez les chatons nouveau-nés issus de
parents de groupes différents.
Les
anticorps anti-B que possèdent les chats de groupe A ne sont pas très
« méchants ».
Ainsi
on n’observe pas de réactions d’incompatibilité chez les chatons de type B
nés de mère A.
Par
contre les anticorps anti-A élaborés par les chattes de groupe B sont très
actifs contre les chatons de groupe A qui peuvent à la naissance présenter
des jaunisses et mourir.
Contrairement
à ce qui se passe dans d’autres espèces animales, les anticorps
anti-groupe A sont présents en permanence chez les chats de groupe B.
Ainsi
une mère de groupe B fera des anticorps contre ses chatons de type A dès
la première portée.
RÉACTIONS
OBSERVÉES LORS DE TRANSFUSION SANGUINE
Quand on perfuse un chat avec un sang non compatible, on
assiste à l’éclatement des globules rouges qui peut donner lieu
à l’apparition d’un choc, d’un ralentissement cardiaque, un
œdème du poumon et une jaunisse si l’animal survit.
RÉACTIONS
OBSERVÉES CHEZ LES CHATONS NOUVEAU-NÉS
Chez les chatons de groupe sanguin A nés de
mère de groupe B et de père A, on peut observer l’apparition d’une
jaunisse et la mort dans les premiers jours de vie.
Contrairement
à ce qui se passe chez l’homme, les anticorps de la mère ne traversent pas
le placenta des fœtus.
Les
chatons ne risquent rien avant la naissance.
Par
contre les anticorps de la mère sont présents dans son colostrum et son
lait. Les anticorps sont absorbés par les chatons dès la première
tétée.
Si
la mère est du groupe sanguin B les chatons vont absorber des grandes
quantités d’anticorps anti-A.
S’ils
sont du groupe A, ces anticorps vont attaquer leurs globules rouges et les
faire éclater ; c’est ce qu’on appelle l’isoérythrolyse
néo-natale.
Le
chaton peut alors mourir subitement sans même présenter de symptômes. Il
peut aussi
avoir
des urines foncées et des muqueuses jaunes avant de mourir.
On
pense actuellement que la cause la plus fréquente de mortalité des chatons
nouveau-nés atteints du « fading syndrôme » (chatons qui
dépérissent lentement en quelques jours), c’est l’incompatibilité des
groupes sanguins.
Cette
incompatibilité peut aussi se présenter sous une forme atténuée et
retardée : le chaton va présenter une nécrose du bout de la queue à
partir du douzième jour, voire plusieurs semaines.
Dans
une même portée on peut avoir des réactions différentes parmi les chatons
suivant la quantité d’anticorps qu’ils ont ingérés.
POURCENTAGE DE
CHATS DE GROUPE B
DANS UNE RACE |
PROPORTION DE MARIAGE A
RISQUE |
0 %
10 %
20 %
30 %
40 %
50 %
60 %
75 %
100 % |

0 %
9 %
16 %
21 %
24 %
25 %
24 %
19 %
0 % |
MESURES
POUR EVITER DE PERDRE DES CHATONS
Pour
éviter ces réactions, il y a plusieurs précautions à prendre quand on fait
reproduire des races appartenant aux races à risques.
Tout
d’abord sérotyper tous les reproducteurs, c’est-à-dire identifier leurs
groupes sanguins et ne croiser les femelles de groupe B qu’avec des mâles
de groupe B.
Cependant,
si des mâles de groupe B ne sont pas disponibles ou si on préfère utiliser
un mâle de groupe A pour d’autres raisons, on peut (en acceptant le risque
de perdre des chatons) prendre quelques mesures : isoler les chatons
nouveau-nés dès la naissance, ce qui implique d’être là pendant tout
l’accouchement pour retirer les chatons un à un.
Deux
nouvelles découvertes ont été faites récemment par le Pr Giger et son
équipe.
Le colostrum qui est le liquide sécrété par les
mamelles juste après l’accouchement, est riche en anticorps
(immunoglobulines) qui vont protéger le chaton contre de nombreuses
maladies jusqu’à ce qu’il soit en âge de fabriquer lui-même des
immunoglobulines Il contient aussi les anticorps anti-groupes sanguins
tant redoutés.
Le
lait qui fait suite au colostrum est dans de nombreuses espèces beaucoup
moins riche en anticorps. Giger a démontré que chez la chatte, le lait
était aussi riche en anticorps que le colostrum.
Le
lait d’une chatte peut donc servir à nourrir des chatons nouveau-nés
orphelins quel que soit son stade de lactation.
Autre découverte : un animal nouveau-né boit le
colostrum et les anticorps ingérés vont être absorbés par sa paroi
intestinale qui va les laisser passer dans
e sang (un intestin d’animal adulte est incapable
d’absorber des anticorps).
Chez
le chaton on pensait que les anticorps pouvaient traverser la barrière
intestinale pendant les 3 premiers jours.
Giger
a montré que c’était faux et que les anticorps n’étaient absorbés par
l’intestin du chaton que pendant les 16 premières heures de vie.
Ensuite, comme chez un animal adulte, les anticorps
sont soit détruits dans l’estomac du chaton, soit éliminés dans les
selles
Ces
deux découvertes impliquent donc pour un éleveur, pour éviter les
réactions d’érythrolyse néo-natale de :
Séparer
les chatons A d’une mère B pendant les 16 premières heures de vie
seulement (et non pas pendant 3 jours comme on préconisait
auparavant)
Faire
allaiter les chatons nouveau-nés pendant ces 16 heures par une autre
femelle quel que soit son stade de lactation
Remettre
les chatons à leur mère ensuite pour éviter qu’elle ne se
tarisse.
Il est donc prudent lorsqu’on veut faire
reproduire une femelle de groupe sanguin B avec un mâle A de faire
saillir dans les jours qui précèdent une femelle de groupe A qui pourra
servir de nourricière aux petits de la mère B et ce pendant quelques
heures
CONCLUSION
Si vos chats reproducteus font partie des races à risque
d’incompatibilité sanguine, il est bon de connaître leurs groupes sanguins
Vous pourrez ainsi mieux prévoir les risques encourus par
les chatons et faire diminuer les taux de mortalité due aux
incompatibilités sanguines.
|